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Pourquoi tant d’hommes raffolent du sexe brutal ?

Le sexe brutal, dont la popularité ne cesse de croître, intrigue et interroge. S’il rebute certaines femmes, il en attire beaucoup d’autres ainsi que de nombreux hommes, enthousiasmés par ses promesses de sensations fortes et de domination. Mais que cache réellement ce penchant pour des pratiques sexuelles qualifiées de « brutales » ? D’où vient-il et que nous apprend-il sur les fantasmes et la psychologie masculine ? Éléments de réponse.

Le sexe brutal, de quoi parle-t-on ?

Commençons par définir précisément les pratiques que l’on qualifie de « brutales ». Il s’agit d’un ensemble très vaste, recouvrant des réalités multiples :

  • Les attitudes « animales » ou sauvages au lit : prendre sa partenaire avec fougue, la porter jusqu’au lit, la mordre, lui donner des tapes sur les fesses…
  • Les pratiques BDSM (Bondage, Discipline, Domination, Soumission, Sadomasochisme) : attacher sa partenaire, utiliser des accessoires pour la dominer, lui infliger volontairement une certaine douleur (fessée, pincements des tétons, etc.)
  • Les rapports sexuels avec une dominance masculine affirmée : pénétrer sa partenaire avec vigueur et autorité, lui tirer les cheveux, la prendre dans des positions de soumission…

Bien que différentes dans leurs modalités, ces pratiques ont toutes pour point commun de s’écarter d’une sexualité que l’on pourrait qualifier de « douce », « vanille » ou « traditionnelle ». Elles impliquent une intensité et une agressivité inhabituelles, avec généralement une domination masculine et une soumission féminine, plus ou moins accentuées.

Une soif de sensations fortes et d’animalité

Alors, pourquoi cette soif de brutalité gagne-t-elle du terrain, en particulier chez la gent masculine ? Plusieurs explications sont possibles, qui mettent en lumière certains aspects de la psychologie intime des hommes.

L’appel de l’instinct animal

L’homme moderne, corseté dans les codes de bienséance de nos sociétés, ressent parfois le besoin impérieux de laisser libre cours à ses pulsions les plus primaires. Le sexe brutal lui permet alors de renouer avec sa part animale, de s’adonner sans retenue à la sauvagerie de l’accouplement.

Car ne nous leurrons pas, la sexualité humaine puise ses racines dans le règne animal. La pulsion sexuelle est avant tout une pulsion animale. Et chez l’homme, en dépit de la civilisation, cet héritage bestial demeure très présent. Le sexe brutal lui offre ainsi une soupape pour assouvir ses envies brute en toute légitimité.

La quête de sensations fortes

La routine guette nombre de couples qui, après quelques années de vie commune, voient leur désir et leur créativité érotiques s’essouffler. Le sexe brutal, par son côté transgressif et intense, peut alors relancer une libido en berne en procurant un shot d’adrénaline.

En effet, une sexualité plus « musclée », avec des pratiques inhabituelles sortant des sentiers battus, permet de stimuler le système de récompense du cerveau et de sécréter davantage de dopamine, hormone du plaisir et de la motivation. Elle crée l’effet de surprise et génère un ensemble de sensations inédites très excitantes.

Pour des hommes en quête de nouveauté et d’intensité sexuelles accrues, le sexe brutal répond ainsi à un véritable besoin physiologique de « doper » leur plaisir en explorant les limites de la domination et de la soumission.

Le goût du pouvoir et de la transgression

Au-delà du simple besoin physique de sensations fortes, le sexe brutal renvoie également à une quête plus symbolique : celle du pouvoir et de la transgression des tabous.

Pour l’homme, pouvoir prendre sa partenaire sauvagement, lui infliger une certaine douleur dans un but érotique, la dominer totalement, représente l’ultime transgression. C’est s’affranchir de tout interdit sociétal en matière de sexualité et de rapport homme-femme. Cette dimension transgressive procure un intense sentiment de toute-puissance.

Certes, cette domination s’exerce dans le cadre d’un jeu sexuel consenti, avec des règles établies de part et d’autre. Mais elle n’en procure pas moins un plaisir intense à celui qui l’exerce. Car même simulée et contractualisée, la domination renvoie à des schémas de pouvoir très excitants.

BDSM : au-delà des fantasmes, une réelle complicité

Parmi les pratiques de sexe brutal, le BDSM fait particulièrement polémique. Et pourtant, les recherches en sexologie comme les témoignages de ses adeptes montrent qu’il repose avant tout sur une profonde complicité.

Ni perversion ni névrose

Longtemps considéré comme une déviance inquiétante, le penchant de certains individus, hommes comme femmes, pour les pratiques BDSM, ne reflèterait ni perversion, ni névrose ou traumatisme psychique. C’est ce que tendent à montrer de récentes études scientifiques.

Ainsi, contrairement aux idées reçues, les « BDSMers » ne présenteraient pas plus de troubles psychopathologiques que la moyenne des individus. Et leur goût pour la fessée ou le bondage ne résulterait ni d’abus sexuels subis, ni de frustrations ou de problèmes relationnels.

Une sexualité récréative basée sur le consentement

En réalité, pour les personnes qui le pratiquent, le BDSM serait avant tout un jeu érotique, une sorte de théâtre sexuel leur procurant plaisir et épanouissement. Une sexualité ludique et récréative, en somme, dénuée de violence réelle.

Car la base du BDSM, rappelons-le, est le consentement éclairé. Torturer un(e) partenaire contre son gré relèverait de la barbarie, mais exercer une domination symbolique sur une personne consentante fait partie intégrante de la liberté sexuelle de chacun. Une nuance fondamentale.

Complicité, confiance et fluidité des rôles

Par ailleurs, loin d’être un simple défouloir individuel, les pratiques BDSM seraient un puissant outil de complicité au sein du couple. Elles reposeraient sur une communication sans tabous des désirs et des limites de chacun, et générerait une formidable connivence entre partenaires.

De plus, contrairement aux apparences, la répartition des rôles dominant-dominé ne serait pas figée, et hommes comme femmes accèderaient tour à tour aux deux positions. Une fluidité qui renforcerait encore l’équilibre et la stabilité des couples adeptes de BDSM.

Le côté obscur de la sexualité masculine

Certes, pour de nombreux hommes, le sexe brutal ne serait qu’un jeu, une façon ludique d’apporter piment et nouveauté dans leur vie sexuelle de couple. Mais dans certains cas, il peut également révéler une forme plus sombre du désir masculin, mêlant pulsion agressive et mépris envers la femme.

La part d’ombre de l’excitation sexuelle

Si la majorité des hommes sont respectueux envers leurs partenaires, force est de constater que certains trouvent une forme d’excitation dans l’idée d’imposer des pratiques brutales à une femme, ou même de lui faire violence.

Car il existe bel et bien une composante agressive dans le désir sexuel masculin, qui n’est pas sans lien avec le besoin de domination. Ce qui excite certains hommes, consciemment ou non, c’est autant l’acte sexuel que le sentiment de toute-puissance et d’emprise sur le corps de la femme.

Une composante sombre qui, si elle ne devrait pas être généralisée à l’ensemble des hommes ni justifier la moindre violence réelle, doit cependant être reconnue et analysée, y compris par les hommes eux-mêmes.

Machisme et mépris de la femme

Par ailleurs, au-delà du seul plaisir de la domination au lit, le machisme ordinaire conduit encore beaucoup trop d’hommes à considérer les femmes comme des objets sexuels, des proies à conquérir. Dans cette optique, le sexe brutal ou certaines pratiques BDSM peuvent être une façon d’assouvir des pulsions misogynes.

Car ne nous voilons pas la face : le corps des femmes continue à être sexualisé de façon outrancière dans nos sociétés. La multiplication des images pornographiques véhiculant la soumission féminine tend d’ailleurs à banaliser certaines pratiques brutales, comme cette emprise renforcée des hommes sur la sexualité.

Dès lors, sans pour autant diaboliser les adeptes du sexe musclé, un travail de fond contre le sexisme s’avère indispensable pour contrer ces dérives et œuvrer à une sexualité véritablement égalitaire et épanouissante.

Sexe brutal : mode d’emploi pour une pratique consentie

Pour celles et ceux que l’aspect transgressif du sexe brutal attire mais qui ne souhaitent pas sombrer dans la violence ou la domination déplacée, il est possible de s’adonner à ces pratiques d’une manière safe, respectueuse et épanouissante. Petit guide pratique en la matière.

Des partenaires consentants et complices

La base pour que le sexe brut soit positif, c’est un désir partagé au sein du couple et le consentement éclairé de chacun sur les pratiques envisagées. Il est exclu d’imposer quoi que ce soit à sa ou son partenaire.

Idéalement, de telles expérimentations érotiques reposent sur une communication très ouverte sur les motivations, les désirs et les limites de chacun. Elles renforcent alors la complicité du couple plutôt que la compromise.

Un « safe word »

Il est recommandé de choisir ensemble un « safe word », un mot permettant de signifier son inconfort et de tout arrêter immédiatement en cas de limite franchie. Pratique indispensable pour des jeux type BDSM, ce « mot de sécurité » lève toute ambiguïté sur le consentement.

Le plaisir avant la performance

S’adonner au sexe musclé ne doit pas virer à la compétition de performances ou à la course à l’orgasme. Le but est de prendre et de donner du plaisir, à son rythme et sans injonction de résultat. La communication sur l’effet produit par les pratiques reste essentielle.

Ni violence, ni mépris

Même très brutale ou transgressive, l’activité sexuelle ne doit jamais être humiliante ni blessante. On bannit donc toute violence réelle, verbale ou psychologique envers sa ou son partenaire. Le but est de repousser ses limites, pas de les piétiner.

Par respect pour l’autre, il est essentiel de dissocier ce type de jeux sexuels de toute composante machiste ou misogyne, consciente ou non. L’excitation ne saurait venir d’une quelconque humiliation ou souffrance du ou de la partenaire.

En appliquant ces quelques principes simples, le sexe brutal, du plus léger au plus hard, peut tout à fait trouver sa place dans le paysage intime d’un couple épanoui et complice. À chacun de trouver l’équilibre qui lui convient entre audace, plaisir et respect mutuel.

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