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Hypersexualité : trouble psychologique ou simple mode de vie ?

L’hypersexualité, ou dépendance sexuelle, est un sujet qui interroge. S’agit-il d’une véritable pathologie qui nécessite une prise en charge médicale ? Ou plus simplement d’un choix de vie assumé par certains adeptes du sexe ? Dans cet article, nous allons tenter de faire la lumière sur ce phénomène encore mal compris.

1. Qu’est-ce que l’hypersexualité ?

L’hypersexualité se définit comme un besoin sexuel excessif et incontrôlable qui envahit complètement la vie d’une personne. Concrètement, cela se traduit par :

  • Des pensées sexuelles envahissantes et obsédantes
  • Des masturbations compulsives et répétitives
  • Une recherche effrénée et permanente de rapports sexuels
  • Une consommation excessive de pornographie
  • Des aventures d’un soir à répétition
  • La fréquentation de lieux libertins (saunas, clubs échangistes…)

La personne hypersexuelle accorde une importance démesurée au sexe, au point que cela devient le centre de sa vie et de ses préoccupations. Sa libido est en ébullition constante et elle est incapable de la contrôler. C’est ce manque de contrôle, associé à une détresse personnelle, qui caractérise le trouble hypersexuel.

2. Un trouble nébuleux aux contours flous

Bien que ce phénomène soit reconnu par les sexologues, sa définition exacte fait encore débat au sein de la communauté scientifique. En effet, il est extrêmement difficile de tracer une frontière nette entre sexualité « normale » et sexualité « pathologique ».

Où se situe précisément le curseur ? Combien de rapports sexuels, de partenaires ou de masturbations bascule-t-on dans l’hypersexualité ? Les avis divergent et il n’existe à ce jour aucun consensus.

Certains sexologues estiment qu’on ne peut parler de trouble que lorsqu’il y a des conséquences négatives sur le plan social ou professionnel. D’autres mettent en avant le critère de souffrance personnelle et de détresse psychique. Mais comment les évaluer avec précision ?

C’est la raison pour laquelle l’hypersexualité ne figure toujours pas, à l’heure actuelle, dans les grandes classifications internationales des maladies psychiatriques comme le DSM-5. Elle y est simplement mentionnée, à titre indicatif, sous l’appellation vague de « trouble sexuel non spécifié ».

Le cas particulier de la nymphomanie

Le terme de « nymphomane », longtemps utilisé pour désigner l’hypersexualité féminine, est aujourd’hui tombé en désuétude. Et pour cause : ce vocabulaire désuet véhiculait l’idée erronée qu’une femme au fort appétit sexuel serait forcément « anormale », « déviante » ou « malade ».

De nos jours, l’hypersexualité touche autant les femmes que les hommes. Mais ces derniers sont 5 fois plus susceptibles de consulter pour ce trouble, probablement parce qu’une sexualité débridée est encore socialement mieux acceptée chez les hommes.

3. Quelles sont les causes de l’hypersexualité ?

Les origines de ce trouble restent relativement mystérieuses. Néanmoins, on peut identifier deux grandes catégories de facteurs déclenchants :

  • Les facteurs psychologiques : l’hypersexualité peut survenir à la suite d’un traumatisme (abus sexuel, viol…), d’une période de stress intense ou encore accompagner certains troubles psychiatriques comme la dépression, les TOC ou la bipolarité.
  • Les facteurs physiologiques : certains médicaments comme les amphétamines ou les drogues peuvent provoquer une désinhibition sexuelle. L’hypersexualité peut aussi résulter de lésions cérébrales localisées dans des zones impliquées dans le contrôle des pulsions.

Dans la majorité des cas néanmoins, aucune cause organique n’est retrouvée. C’est pourquoi on parle plutôt « d’addiction comportementale », à l’instar des addictions aux jeux vidéo ou aux smartphones.

4. Hypersexe : un mode de vie à part entière ?

Certains adeptes du sexe sans entraves revendiquent leur hypersexualité non pas comme une pathologie mais comme un véritable « mode de vie », au même titre que d’autres subcultures. Ils refusent ainsi toute « médicalisation » et estiment que leur sexualité débridée relève de leur libre arbitre.

Le collectif Revendications Libertines en France, par exemple, milite activement pour la dépsychiatrisation de l’hypersexualité, qu’ils considèrent comme une orientation parmi d’autres.

Ils dénoncent un puritanisme ambiant et une norme sociale étriquée qui voudrait cantonner la sexualité dans le cadre strict de la monogamie. Selon eux, chacun devrait pouvoir vivre sa sexualité comme il l’entend, du moment que cela reste consensuel.

Cette conception « libertaire » de l’hypersexualité comme choix de vie assume rejoint le concept de « polyamour ». De plus en plus plébiscité dans les pays occidentaux, le polyamour prône la possibilité d’entretenir des relations amoureuses multiples en parallèle, en toute transparence.

5. L’hypersexualité à Hollywood : victimes ou coupables ?

Le cinéma hollywoodien a largement exploité la figure du « sex addict » à travers de nombreux films.

Dans « Shame » sorti en 2011, Michael Fassbender campe Brandon, un trentenaire new-yorkais accroc au sexe. la caméra suit au plus près ses errances nocturnes à la recherche frénétique de partenaires toujours plus nombreuses. Un tableau clinique glaçant d’un homme rongé par ses pulsions.

Même problématique dans « Thanks for sharing » (2012) qui montre comment trois hommes hypersexuels tentent de sortir de leur addiction à travers les groupes de parole des Sex Addicts Anonymes.

Ces films ont le mérite de donner une visibilité inédite à ce trouble méconnu. Pour autant, ils ont aussi tendance à graviter autour des mêmes clichés, en présentant quasi systématiquement l’hypersexuel comme un homme, jeune, séduisant, urbain.

Or, dans les faits, l’hypersexualité peut toucher tout le monde. Surtout, ces films ont tendance à occulter la souffrance réelle des personnes aux prises avec ce trouble invalidant au quotidien.

Une responsabilité atténuée ?

Paradoxalement, le cinéma éprouve aussi beaucoup de fascination pour une autre figure : celle de la femme hypersexuelle et dangereuse, surnommée « femme fatale ».

Sharon Stone dans « Basic Instinct », Angelina Jolie dans « Original Sin » ou encore Rebecca de Mornay dans « The Hand That Rocks the Cradle »… Ces films regorgent de personnages féminins hypersexualisés, manipulateurs et criminels.

Néanmoins, leur responsabilité pénale semble souvent atténuée, voire niée, au prétexte qu’elles ne peuvent pas contrôler leurs pulsions sexuelles déviantes.

Cette vision ambivalente traduit les fantasmes et les angoisses qu’une sexualité féminine émancipée peut encore susciter dans notre société.

6. Quelles solutions pour en sortir ?

Contrairement aux idées reçues, l’hypersexualité n’est pas une fatalité. Avec un accompagnement adapté, il est tout à fait possible de reprendre le contrôle et de retrouver un équilibre.

En fonction de la situation, différentes prises en charge sont envisageables :

  • Une psychothérapie, pour travailler sur les éventuelles origines psychologiques de l’addiction et acquérir des stratégies pour mieux gérer ses pulsions.
  • Un traitement médicamenteux, si l’hypersexualité s’inscrit dans le cadre d’un autre trouble comme la dépression ou la bipolarité. Des médicaments comme les antidépresseurs ISRS peuvent alors aider.
  • Les groupes de parole entre hypersexuels anonymes, sur le modèle des Alcooliques Anonymes. Le partage d’expérience et l’entraide mutuelle facilitent la guérison.
  • Les thérapies corporelles comme la méditation de pleine conscience ou le yoga, pour réapprendre à gérer son énergie sexuelle et canaliser ses pulsions.

Bien entendu, plusieurs de ces approches peuvent être combinées pour augmenter les chances de succès. L’essentiel étant de trouver une méthode qui convienne à sa personnalité et à ses besoins.

Avec suffisamment de persévérance et de bienveillance envers soi-même, il est tout à fait possible de reprendre le contrôle de son existence et de renouer avec une sexualité épanouie.

Conclusion

L’hypersexualité demeure entourée de beaucoup de confusion et de tabous. Pourtant, derrière ce terme se cache une réelle détresse pour de nombreuses personnes.

Il est donc grand temps de mieux informer le grand public sur ce trouble méconnu, qui constitue une véritable prison psychique pour celles et ceux qui en souffrent.

Certes, tracer une frontière nette entre sexualité « saine » et sexualité « pathologique » reste complexe. Mais il convient de faire preuve de discernement. Car une sexualité totalement obsédante et envahissante, source de souffrance, ne saurait relever d’un choix de vie épanoui.

Heureusement, avec un soutien psychologique adapté et beaucoup de courage, il est possible de se libérer du joug de l’hypersexualité. Et enfin renouer avec une intimité sereine, à son propre rythme. C’est tout le mal qu’on peut souhaiter à celles et ceux qui se débattent avec cette problématique.

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